Suisse: le Conseil fédéral envisage d’imposer l’apprentissage d’une seconde langue nationale dès l’école primaire

Contexte et objectifs du dossier linguistique

Le Conseil fédéral se dit préoccupé par la décision de certains cantons alémaniques de repousser l’enseignement de la deuxième langue nationale du primaire vers le niveau secondaire. Dans son communiqué publié vendredi, il souligne que ce choix pourrait mettre en péril l’harmonisation de l’enseignement et la cohésion nationale.

Le gouvernement a demandé au Département fédéral de l’intérieur d’élaborer un projet de loi visant à préciser le cadre des langues nationales dans l’enseignement, tout en respectant l’autonomie des cantons et les différences entre les régions linguistiques.

Deux variantes sur lesquelles planche le texte

Avant consultation, deux scénarios sont envisagés. Le premier viserait à inscrire dans la loi sur les langues le système en vigueur, dit HarmoS, qui prévoit l’apprentissage de deux langues étrangères à l’école primaire: une langue nationale et l’anglais.

La seconde option installerait une exigence minimale: faire apparaître l’enseignement d’une seconde langue nationale à la fin du niveau secondaire I, ce qui laisserait davantage de marge de manœuvre aux cantons.

Pour Christophe Darbellay, président de la CDIP, l’intervention fédérale était « un mal nécessaire » et « il était temps que le Conseil fédéral sonne la fin de la récréation ». Il rappelle que l’anglais demeure utile dans de nombreuses situations et que la combinaison d’une langue nationale et de l’anglais est une opportunité offerte par le multilinguisme suisse.

Événement possible et cadre législatif

En cas d’échec éventuel de l’harmonisation, le Conseil fédéral se montre prêt à adapter le cadre sans nécessairement modifier la loi si les cantons maintiennent la stratégie nationale des langues ou l’adaptent sans affaiblir leur place.

Les retards de l’enseignement du français dans plusieurs cantons

Ces derniers mois, plusieurs parlements cantonaux alémaniques ont demandé le report du français à l’école secondaire. Appenzell Rhodes-Extérieures a été le premier à prendre cette décision en mars, suivi par Zurich le 1er septembre et Saint-Gall mercredi.

La question du « Frühfranzösisch » est aussi évoquée en Bâle-Campagne et en Thurgovie, avec des motions déposées, et à Schwyz où la question occupe les autorités scolaires. Même dans le canton bilingue de Berne, des motions inspirées de Zurich ont été présentées par les Vert’libéraux.

Des inquiétudes exprimées par Elisabeth Baume-Schneider

Plusieurs cantons alémaniques expriment une inquiétude quant au primat de la langue nationale à l’école primaire, un compromis négocié il y a plus de 20 ans selon Christophe Darbellay. Après le vote zurichois, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a dénoncé une remise en cause du compromis sur les langues et du vivre ensemble.

Elle a annoncé qu’elle proposerait au Conseil fédéral une réflexion sur une loi contraignante relative aux langues nationales, rappelant que le français, l’allemand, l’italien et le romanche constituent des langues nationales étroitement liées au respect des cultures et des langues de notre pays.

You may also like...