Genève: un père de 53 ans jugé pour enlèvement d’enfants et tentative envers des policiers – réquisitoire et plaidoiries contrastées
Genève: procès d’un père de 53 ans pour enlèvement d’enfants et tentative envers des policiers
Déroulement du procès et contexte
Au tribunal correctionnel, le calendrier des audiences a montré des journées qui se succèdent sans se ressembler. Le prévenu, père célibataire âgé de 53 ans, est accusé d’avoir enlevé ses enfants à l’automne 2022 et d’avoir mis en danger la vie de deux policiers lors d’une course-poursuite le 13 août 2024.
Le récit judiciaire présente un double volet: d’un côté une figure décrite comme profondément désespérée, prête à tout pour rester proche de ses enfants; de l’autre, un parquet qui dresse une analyse différente de son comportement et de sa responsabilité.
Portrait du prévenu selon le réquisitoire
Lors du réquisitoire, le procureur Pierre Bayenet propose une lecture qui s’écarte de certaines interprétations. Selon lui, les autorités n’auraient pas agi sans raison en retirant la garde des enfants et en orientant le suivi judiciaire. Le parquet décrit un homme semblant s’enfermer dans un schéma préjudiciable et qui reporte systématiquement la faute sur autrui ou sur des circonstances liées à l’amour et à son ex-compagne. L’expertise psychiatrique évoque un fonctionnement paranoïaque.
Tout en reconnaissant la douleur du père, le procureur soutient qu’il demeure largement responsable de ses actes et qu’il s’est lui-même placé dans une situation périlleuse.
Éléments et faits retenus par le parquet
Le procureur soutient que les épisodes du 7 au 10 octobre 2022 et du 22 novembre de la même année constituent un enlèvement et non un simple week-end passé avec les enfants. Des éléments ont été retrouvés dans le chalet de Haute-Savoie, loué par le père, tels que des caisses remplies de livres pour enfants, du matériel pour des loisirs créatifs, des produits pharmaceutiques, des draps propres, de la nourriture, les doudous des enfants et une enveloppe contenant 3000 francs ainsi que des cartes de France et d’Espagne.
Faits du 13 août 2024 et qualification pénale
Concernant l’incident du 13 août 2024, le parquet affirme que le prévenu a procédé à des manœuvres extrêmement dangereuses, acceptant le risque de mettre en danger la vie des policiers. L’accusation retient une tentative de meurtre par dol éventuel et propose une peine d’environ 8 ans de prison, réduite de 25 % en raison d’une responsabilité partielle, soit 6 ans. Si la mise en danger de la vie d’autrui était retenue sans le reste, la peine envisageable serait de 4 ans et demi.
Réactions des victimes et arguments de la défense
Du côté des plaignants, l’avocate d’un des policiers, Me Pauline Schott, estime que l’autoroute A1 a été «transformée en scène de crime potentiel» par les actes du prévenu. Me Laura Santonino, avocate de l’ex-conjointe, décrit le calvaire de la mère qui a vécu 36 heures sans nouvelles et qui a été suivie par un drone.
Lors de la plaidoirie, la défense, représentée par Me Nicola Meier et Me Nastassia Oberson, s’appuie sur l’expertise psychiatrique et plaide que le prévenu souffre et que la paranoïa fait partie de son profil, niant l’existence d’un enlèvement. Selon eux, après le week-end en cause, il a traversé une descente et les épisodes suivants ne constituent pas une infraction; l’incarcération aurait été une réponse disproportionnée.
Ils contestent la qualification de tentative de meurtre par dol éventuel et demandent l’acquittement sur les principaux chefs, appelant une peine plus nuancée et empreinte d’humanité pour permettre la sortie du prévenu.
Conclusion et verdict attendu
Deux versions opposées se disputent l’analyse du tribunal. Le verdict est attendu vendredi, alors que le dossier reste indécis sur les faits et la responsabilité relative du prévenu.