Exposition aux pesticides : étude nationale révèle une surimprégnation chez les riverains des vignobles en France

Une surexposition aux pesticides chez les habitants proches des vignobles français

Une étude nationale inédite, menée par Santé publique France en collaboration avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), met en lumière une concentration accrue de substances toxiques chez les riverains des zones viticoles. Si cette enquête n’évalue pas encore directement les conséquences sur la santé, elle souligne néanmoins une différence notable entre les populations exposées et celles vivant éloignées des cultures.

Les résultats de l’étude PestiRiv : une présence accrue de pesticides

L’étude PestiRiv, qui a analysé la présence de 56 substances chimiques dans l’urine, les cheveux, l’air ambiant, ainsi que dans la poussière et certains potagers, concerne près de 2 700 participants (1 946 adultes et 742 enfants). Les chercheurs ont également étudié divers facteurs d’exposition tels que l’alimentation et le mode de vie.

Une contamination significative lors des périodes de traitement des cultures

Les résultats révèlent que, dans les zones viticoles, le niveau de contamination peut dépasser de 45% celui constaté dans des zones sans culture, avec des mesures de contamination dans la poussière atteignant plus de 1000%. La concentration de pesticides dans l’air ambiant pourrait aussi être jusqu’à 12 fois plus élevée. Selon Clémence Fillol, de Santé publique France, ces variations sont particulièrement marquantes lors des périodes où les vignes sont traitées. En effet, durant ces phases, on observe une augmentation pouvant atteindre 60% des résidus dans les urines, ainsi qu’une hausse de plus de 700% dans la poussière et jusqu’à 45 fois dans l’air extérieur.

Une exposition plus prononcée chez les jeunes enfants

Les résultats, cohérents avec d’autres études à l’échelle internationale, indiquent que les enfants âgés de 3 à 6 ans vivant à proximité des vignobles présentent une imprégnation plus significative en pesticides. Deux principaux facteurs influencent cette exposition : la quantité de produits épandus et la distance par rapport aux vignes. Par ailleurs, la durée de l’aération des logements et le temps passé à l’extérieur jouent un rôle dans le niveau d’exposition.

Les enjeux pour la santé restent à préciser

Il est important de noter que cette étude ne permet pas de confirmer si cette exposition accrue constitue un risque pour la santé. Benoît Vallet, directeur général de l’Anses, rappelle qu’il n’existe pas actuellement de lien direct entre ces niveaux d’imprégnation et des pathologies spécifiques, comme certains cancers. D’autres facteurs environnementaux, tels que les métaux lourds ou la pollution particulaire, peuvent également influencer le profil de santé.

Un appel à la prudence et aux mesures de prévention

Bien que les concentrations de pesticides relevées soient en dessous des seuils fixés par la réglementation, les autorités sanitaires recommandent néanmoins de limiter l’usage des produits phytopharmaceutiques dans une logique de précaution. Le plan Ecophyto 2030, visant à réduire de moitié la consommation de pesticides d’ici 2030, constitue une stratégie clé dans cette démarche, notamment pour protéger les populations vulnérables telles que les enfants.

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