Musée de l’Élysée à Lausanne : une trajectoire internationale autour de la photographie
Une mission fondatrice et une direction ouverte
En 1985, Charles-Henri Favrod prend les commandes du musée de l’Elysée à Lausanne avec une ambition précise : faire comprendre ce que la photographie a modifié dans l’histoire du regard. Photographe, journaliste et essayiste, il promeut une vision ouverte de cet art, en phase avec les temps modernes.
Il insiste toutefois pour préciser qu’il ne s’agit pas du seul musée de la photographie, mais bien d’un musée pour la photographie.
Ce n’est pas le musée de la photographie, je précise, ce musée est un musée pour la photographie.
Cette direction marque le début d’un parcours visant à éclairer l’impact des images sur la perception collective.
Expositions et regards sur des figures majeures
Werner Bischof
En avril 1987, Favrod participe à l émission Journal Romand pour présenter la rétrospective dédiée au photographe zurichois Werner Bischof. Ce dernier est évoqué comme un témoin de la solitude dans un monde frappé par la guerre, la famine et les injustices, et comme celui qui observe le désarroi des civils et des combattants.
Bischof rejoint l’agence Magnum en 1949 et réalise des reportages en Inde en 1951, puis voit son travail publié dans Life, ce qui contribue à sa notoriété. Il explore également le Japon et la Corée du Sud et devient correspondant de guerre en Indochine pour Paris Match.
Rétrospective Ella Maillart
En 1990, le musée met à l affiche la toute première rétrospective consacrée aux photographies de voyage d Ella Maillart. Pour préparer cet évènement, le directeur Favrod se rend à Chandolin pour rencontrer l’auteure en personne.
Cette photographie, dans ma vie, a joué un rôle absolument capital, un coup de chance incroyable
La même année, la mémoire des yeux s’inscrit dans l’agenda des expositions et des échanges.
La Nuit de la photo et les rendez-vous publics
Dès l’ouverture en 1985, Favrod affirme l’accès du parc et des jardins au public et lance la Nuit de la photo, un événement mêlant photographie, danse, jazz et cinéma. Le succès est immédiat et cette manifestation s’étoffe au fil des années pour devenir, à partir de 2011, la Nuit des images.
Une édition télévisée évoque la dynamique de cette sixième nuit, réalisée dans les jardins du musée à Lausanne.
Renouvellements et direction artistique
Un changement à la tête en 1996
En 1996, l historique de l art canadien William Ewing devient directeur de l Élysée et assure ce poste jusqu en 2010.
Un tournant en 2005
L année 2005 accueille une exposition intitulée Documentary and Anti-Graphic Photographs, reconstituant une présentation de 1935 à la galerie Julien Levy à New York, rassemblant les images d Henri Cartier-Bresson, Manuel Alvarez Bravo et Walker Evans.
Une nouvelle génération et un regard international
Pour les 25 ans du musée en 2010, le nouveau directeur Sam Stourdzé, Français, choisit de ne pas réaliser une exposition commémorative. Il préfère inviter 80 jeunes photographes du monde entier à exposer leurs œuvres au musée.
Entré en fonction le 1er mai 2010, il succède à William Ewing et affirme une volonté de valoriser l image fixe et l art vidéo, tout en ouvrant une réflexion sur l image numérique à l ère d Internet.
Un nouvel écrin au cœur de Lausanne
En novembre 2021, le projet Plateforme 10 franchit une étape symbolique. Après cinq années de travaux, les directrices du MUDAC et du musée Photo Elysée Lausanne prévoient d investir dans un bâtiment contemporain. Conçu par Aires Mateus, il offre 1400 mètres carrés dédiés à l exposition et à une scénographie souple et modulable, et l ouverture au public est annoncée pour 2022.
Direction actuelle et perspectives
Nathalie Herschdorfer, commissaire d exposition et historienne de l art et de la photographie, est nommée nouvelle directrice du musée Photo Elysée à Lausanne. Après avoir dirigé le Musée des Beaux-Arts du Locle, elle revient à Lausanne; l institution lui fait confiance après y avoir œuvré comme commissaire et responsable des expositions entre 1998 et 2010.
Pour les cent ans du surréalisme, elle propose une exposition associant la photographe Cindy Sherman et le artiste Man Ray, figures emblématiques du mouvement.