Inde face aux chiens errants : entre héritage culturel et enjeux de santé publique

Contexte et enjeux autour des chiens errants en Inde

La question des chiens errants en Inde revient sur le devant de la scène après qu’un tragique incident impliquant une fillette mordue par un chien de rue à New Delhi a conduit la Cour suprême à intervenir fin juillet. La décision rendue suscite des réactions divergentes et des débats publics nourris.

Rôle d’une association et point de vue sur la cohabitation

Aarthi, bénévole pour l’ONG l’ONG Friendicoes, explique que l’arrêt de la Cour ne fait pas l’unanimité. Son organisation accueille des chiens de rue dans un dispensaire situé dans la banlieue de New Delhi, à Gurgaon. Après vaccination et dressage, ces chiens sont proposés à l’adoption.

« Dans notre culture, nous avons cette habitude de cohabiter avec la nature. Les chiens errants, mais aussi les vaches et les chats font partie intégrante de notre mode de vie », rapporte Aarthi.

Elle rappelle également, lors de l’émission La Matinale de la RTS, que, dans l’hindouisme, le chien est parfois considéré comme sacré, et que dans le Mahabharata, un protagoniste refuse d’entrer au paradis lorsque l’on empêche l’accès à son chien.

Avis divergents et réactions politiques

La décision de la Cour provoque l’indignation parmi une partie des défenseurs des animaux et au-delà. Le chef de l’opposition au Parlement, Rahul Gandhi, a dénoncé un jugement cruel, estimant que les chiens de rue possèdent une âme et ne sauraient être considérés comme un simple problème à régler. D’autres avocats de renom se sont joints à ces contestations.

À l’inverse, des partisans de la Cour soulignent les risques posés par les chiens errants. « Nous comptons entre 60 et 100 millions de chiens errants en Inde », rappelle Ryan Lobo, directeur de la Fondation pour les peuples et les animaux, basé à Bangalore. Il décrit une « montagne de problèmes » associée à cette population.

Selon lui, les chiens errants peuvent mordre ou être agressifs, hurler la nuit, transmettre des maladies par des parasites et des matières fécales, et provoquer des accidents de la route dans les grandes agglomérations. Il affirme que, pour la faune en Inde, la principale menace n’est pas la perte d’un habitat mais bien la présence de ces animaux sans surveillance.

Défis urbains et projections démographiques

Les municipalités font face à une hausse de 22 % de la population canine en une décennie, et les projections indiquent que ce chiffre pourrait atteindre jusqu’à un milliard dans un quart de siècle, selon la Banque mondiale. Les villes sont confrontées à des difficultés pour nettoyer les déchets nourrissant les chiens et pour mettre en place des programmes de stérilisation.

Ces éléments illustrent les tensions entre gestion publique, sécurité et respect du lien culturel qui unit une partie des habitants à ces animaux.

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